24 décembre 2009
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Paris, quai de Jemmapes, un soir glacial de décembre.
L'eau est noire et immobile, les berges gelées. Des plaques de verglas entre les pavés font trébucher les passants frileux et pressés.
Sur la passerelle, le gel fait briller les planches glissantes. Noël approche.
Devant le Pont Tournant, Hotel du Nord, l'ambiance est intime et chaleureuse. A travers les vitres embuées les couples se parlent, rient silencieusement alors que les serveurs exécutent un ballet sans musique.. Sur la façade je place un portrait de Louis Jouvet... Atmosphère... Son regard accroche celui des passants qui s'arrêtent un moment, puis repartent.
La nuit avance et il fait de plus en plus froid... un froid humide et pénétrant. Les mains gelées, les pieds glacés, nous battons la semelle et remontons le canal vers Jaurès.
Au bord du canal, sous les ponts, les SDF ont monté leurs tentes, abri dérisoire contre le froid mordant. Ils allument des feux autour desquels ils se tassent. Des gerbes d'étincelles montent vers le ciel. Le long du quai toujours, le SAMU social, une distribution de soupe et des policiers qui repartent avec des types...
Pourquoi ? On ne saura jamais, tout se passe en silence.
Plus haut encore, à l'Usine Ephémère, à quelques mètres des tentes des sans abri, il y a une soirée. Des gens gardent les portes, d'autres fument, l'ambiance est souriante. Les murs sont un vrai pêle mêle de pochoirs, de collages et de grandes peintures. On reconnaît les pochoirs "qui font la gueule" de PITR, et les immenses collages de Paul Bloas.
Je m'y mets, moi aussi.
La colle tient mal sur les murs froids et détrempés.
Fin de la balade porte de Pantin, où des milliers de fans au look improbable sortent du concert de Marilyn Manson au Zénith, de noir vêtus, le tour des yeux charbonné, cuir, clous, piercings et maquillages androgynes.La foule s'engouffre dans le métro et envahit les Kebabs. Les serveurs imperturbables servent sans sourciller sandwiches aux zombies et autres morts vivants.